Quelle lumière provient de la montagne de la transfiguration? Essayons de scruter le sentier que Jésus ouvre silencieusement du désert de l’épreuve à la montagne de la divine Présence. Il est intéressant de remarquer comment dans le premier dimanche de Carême c’était l’Esprit le protagoniste de l’initiative de conduire Jésus dans l’épreuve des tentations. Maintenant c’est Jésus à prendre l’initiative de « porter » ses disciples face au buisson ardent du mystère de Dieu.
Le verbe « porter » (anapherō: porter en haut, offrir), utilisé par l’évangéliste Mathieu, suggère aussi l’idée d’offrande reconnaissante. Jésus veut nous enseigner que tout est don, pour cela il prie et offre au Père la vie de ses disciples: «Je prie pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi» (Jn 17,9). C’est juste cette offrande qui révèle le coeur libre du Maître qui n’a pas peur d’illuminer le monde avec la force transfigurante d’un amour sans précédents. L’annonce de l’imminente passion avant la montée au mont inconnu et l’insistance sur l’importance de perdre sa vie pour pouvoir la retrouver n’a certainement pas consolé la peur des disciples naturellement enclins plus à sauver la peau qu’à risquer la vie.