Is 50,4-7; Ps 21; Ph 2,6-11; Mt 26,14-27,66
Entrer dans l’amour de Dieu
Nous entrons dans la Semaine Sainte, source et sommet de notre foi, puisque ‒ comme l’écrit saint Paul (cf. 1Co 15,3-5) ‒ nous croyons avant tout que le Seigneur Jésus est mort et ressuscité pour nous sauver du péché, du mal et de la mort. Nous entrons dans le mystère des derniers jours de la vie terrestre du Christ mais, en réalité, nous l’accompagnons dans la suite des évènements pour qu’ils pénètrent dans notre vie et la transforment à image de la sienne. Nous entrons dans «la Semaine» pour que chaque semaine qui compose notre voyage dans le temps soit sanctifiée. Pendant ces jours, nous avons à choisir de rester «avec Lui» ‒ c’est ce que Jésus demande à ses disciples d’hier et d’aujourd’hui (cf. Mt 26,40). «Avec Lui» non seulement en termes de temps, en antéposant ce qui est essentiel aux urgences stressantes de la routine quotidienne, mais encore en faisant un choix de camp: voulons-nous être du monde ou, comme Jésus, être dans le monde sans pour autant lui appartenir, puisque nous appartenons au Ciel?
Nous entrons dans la lutte entre la lumière et les ténèbres, entre le bien et le mal, entre la vie et la mort, en commémorant la fête que les habitants de Jérusalem offrirent à Jésus, Messie attendu. Une fête éphémère, comme souvent les hommes savent réaliser pour leurs semblables. Éphémère parce que fugace, comme sont nos faibles convictions; fête du consensus mondain, passant facilement d’hosanna à crucifie-le! Et pourtant, à l’intérieur de cette caducité humaine, se préannonce la victoire définitive du Christ, qui s’accomplira dans sa mort et sa résurrection. C’est un acte de foi dans lequel nous affirmons que même nos vicissitudes historiques fragiles et éphémères, peuvent devenir des instruments pour arriver à la gloire éternelle du Ciel.
Entrons avec Jésus dans la ville sainte, sur l’humble monture des rois en temps de paix, en reconnaissant que la vraie paix ne s’impose jamais, tel un fardeau, au prix du «sang d’autrui»; qu’elle ne peut pas compter sur la dissuasion du plus fort, qu’elle exige qu’on en paie personnellement le prix. La paix comme l’amour ne s’impose jamais, toujours elle se propose, elle s’offre, dans une attitude d’humilité désarmante et nue. Que les petits rameaux d’olivier que nous rapporterons à la maison nous rappellent que nous sommes disciples du Maître en poursuivant cette route, en vainquant le mal par le bien.
Entrons en ce mystère et disposons-nous au don de Dieu; nous découvrirons qu’en réalité c’est le Christ qui nous fait entrer dans l’amour du Père, laissant son cœur se déchirer sur la croix.
Prière
Christ Jésus,
doux roi de paix,
donne-nous d’entrer avec toi dans la volonté du Père
pour que ton Esprit entre en nous,
pour que l’amour pour le «pouvoir»
se convertisse en pouvoir de l’Amour.