Très chères sœurs et jeunes en formation,
Avec le rite des Cendres, nous entreprenons cette année aussi l’itinéraire de conversion qui nous fait entrer dans la dynamique pascale de la mort pour la vie, en ce progressif dépouillement de soi qui est voie à la plénitude. Ce “saint voyage” est marqué par la présence du Maître qui continue à porter la croix des maux du monde auprès des nombreuses femmes et hommes de «chaque tribu, langue, peuple et nation» (Ap 5,9) qui sèment espérance, essuient des larmes, promeuvent la paix, ouvrent des horizons der communion dans une époque blessée par le manque de fraternité.
Ce sont ces derniers, dit Benoît XVI dans son Message pour le Carême 2012, les vrais disciples du Seigneur qui, «unis au Christ par l’Eucharistie, vivent dans une communion qui les lie les uns aux autres comme membres d’un seul corps. Cela veut dire que l’autre m’est uni de manière particulière, sa vie, son salut concernent ma vie et mon salut». Il s’agit d’une appartenance si radicale qui ne peut pas nous faire fermer le cœur à l’autre ; au contraire, elle nous pousse à “prendre soin” de l’autre, parce que l’autre m’intéresse, me tient à cœur…
Cette invitation à une foi rendue concrète et lisible par l’attention au frère et à la sœur est particulièrement opportune pour nous, souvent marquées par la difficulté à fonder nos relations fraternelles sur une authentique expérience de foi, sur les motivations de fond qui soutiennent notre être ensemble. Mais l’amour réciproque, l’attitude à prendre soin les unes des autres, la tension à marcher ensemble dans la sainteté, la même appartenance à la communauté sont des conditions basilaires pour percevoir le cri de l’humanité de nos jours, apaiser la soif de Dieu, témoigner le commandement de l’Amour.
En cet itinéraire pourra nous aider le texte Avec Jésus Maître vers la Pâque, préparé par les sœurs de la Commission pour l’animation sur les Constitutions: Illuminées par l’Evangile des dimanches de Carême et par l’histoire de grâce contenue dans Abundantes divitiae, nous nous mettons avec une foi renouvelée à la suite de Jésus Christ, mort et ressuscité pour nous, percevant « avec un regard toujours nouveau les merveilles que Dieu accomplit pour nous» (Porta fidei 15) et «les nombreuses richesses qui sont dans la Famille Paulinienne : “… pour que soit manifestée, par l’Eglise, la multiforme sagesse de Dieu” » (AD 4).
Marchant ensemble au Maître et avec l’entière humanité vers la Pâque, nous entreprendrons, alors, avec humilité et courage «la guerre la plus dure», celle contre nous-mêmes, ainsi comme la propose la prière du patriarche Athënagoras reportée à la fin du fascicule indiqué :
Si quelqu’un se désarme, se dépossède, s’il s’ouvre au Dieu-Homme qui fait neuves toutes les choses, alors le Seigneur efface le passé mauvais et nous restitue un temps nouveau où tout est possible.
C’est vers ce qui, beaucoup de fois, nous a poussées Maestra Tecla :
Faisons-nous-mêmes instruments de paix… la paix est fruit de charité, de compréhension, de concorde… donc sachons-nous compatir, supporter, excuser… Sachons-nous taire et nous prendre les petits torts même lorsque nous croyons d’avoir raison (VPC 137).
Avec le regard fixe au Seigneur Jésus, dans le quotidien communautaire et apostolique engageons-nous à nous exercer dans la charité, nous aider réciproquement, nous faire don, aider qui est dans le besoin. Carême est aussi, en effet, temps de solidarité, d’attention concrète.
Sœurs, au cœur du chemin de Carême, le 15 mars, nous célébrerons avec joie et gratitude le 59ème anniversaire de l’approbation pontificale de notre Institut. Ceci est un motif en plus pour renouveler notre engagement vers la sainteté et exprimer nouvelle vigueur prophétique dans l’Eglise.
Je vous embrasse avec beaucoup d’affection, me sentant en communion de joie et d’espérance.
Sr. M. Antonieta Bruscato
Supérieure générale